Margo.
Après un discours acide sur le petit monde du théâtre et ses remises de prix, on embraie sur l'histoire de la star de cette cérémonie : Eve Harrington. Eve était une jeune fan, à la jeune vie difficile, qui va tutoyer une grande star du théâtre avant de connaître elle-même une carrière.
Eve est une success story aux dialogues étincelants, un régal auditif et intellectuel qui ne faiblit jamais, où une quidam fait de l'ombre à une star vieillissante.
Je ne suis pas particulièrement attiré par le théâtre mais j'ai litérallement été happé par le côté caustique du scénario, décortiquant l'existence de cette star au sommet de la gloire, fausse, frileuse, fragile derrière son assurance, odieuse et apeurée. Eve raconte en réalité l'histoire de Margo, beaucoup plus présente à l'écran que Eve, et dont la psychose va donner du grain à moudre à sa future concurrente, qui va finalement se révéler dans la dernière demi-heure. Et la folie change de camp dans un scénario désenchanté sur l'actorat, surprenant, dissertant de façon très juste sur le didact de l'âge des actrices. Sur la voracité du milieu. Le tout à travers le portrait glacial de la femme du titre, tout sauf une héroïne, une actrice que l'on ne verra d'ailleurs jamais sur scène.
Eve est une œuvre prisonnière de ses décors, théâtraux, étouffante et intense, édifiante et rare. Un tourbillon condamnant chaque actrice...
